« Mange beaucoup de truffes cuites sous la cendre, et bien imprégnées de sauce ; rien de meilleur pour les ébats amoureux ». La citation est extraite du « Banquet des sophistes », écrit au 3e siècle par Athénée de Naucratis. Déjà, à cette époque, la truffe renfermait une part de mystère. Mais il a fallu attendre le milieu du 19e siècle pour que la truffe acquière ses lettres de noblesse, grâce à un certain « Martin Ravel ». Ce Bas-Alpin, particulièrement érudit, a beaucoup travaillé sur les différentes méthodes de conservation des légumes. Deux ouvrages, qu’il a lui-même écrits, retracent ses expérimentations sur la truffe avec, à la clé, « la possibilité de mettre fin aux famines ». Conscient que la saisonnalité du produit constituait un frein à son exploitation à grande échelle, il a utilisé la méthode de l’appertisation, inventée par Nicolas Appert en 1795. Les truffes étaient alors conservées dans des bouteilles spécifiques (issues de la verrerie de Trinquetaille, à Arles), au large goulot, cachetées à la cire. A la fin du 19e siècle, la boite en fer blanc a d’ailleurs remplacé le verre et c’est ainsi que les premières conserves sont nées.
Les truffes étaient soudainement devenues un produit qui se conservait et, donc, qui pouvait voyager. Martin Ravel en aurait d’ailleurs vendu à la couronne d’Angleterre et exportées en Égypte, pendant les travaux de construction du Canal de Suez. Certaines seraient également parties dans le Périgord… Martin Ravel serait à l’origine du tout premier marché aux truffes, né en 1841 à Montagnac-Montpezat, village situé sur la partie basse du Verdon. En 1856, il a déposé et obtenu le brevet d’invention de la trufficulture.
Durant toute la moitié du 19e siècle, la production de truffes était telle que l’on n’hésitait pas à donner les moins belles à manger aux cochons. Entre légendes et anecdotes, les récits parlent d’un champignon que l’on mettait partout… et dans quasiment tous les plats ! C’est d’ailleurs de là que viendrait l’expression « truffé de » pour signifier « rempli de » … Entre fierté locale et mémoires familiales, chacun tend d’ailleurs à s’approprier un brevet d’invention, un démarrage d’exploitation ou encore une méthode de conservation.
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